samedi 13 octobre 2012

Le gyotaku ou l'art d'immortaliser les poissons






Fin septembre, je suis allée faire un petit tour en Bretagne, une bien belle région (je précise que je ne suis pas bretonne, ce n’est donc pas une forme de chauvinisme). Il se trouve qu’en Bretagne, 2012 est l’année du Japon. Je n’ai pas vraiment pu profiter des manifestations organisées à cette occasion, à l’exception de l’une d’entre elles, une exposition de 魚拓(ぎょたく) au musée de la pêche de Concarneau. J’ai d’autant mieux profité de l’expo qu’il pleuvait ce jour-là comme vache qui pisse…


Qu’est-ce que le 魚拓(ぎょたく) ?


Le mot 魚拓 se compose du caractère 魚 (ぎょ), poisson (さかな en prononciation kun) et de 拓 (たく), qui signifie, d'après les dictionnaires bilingues en ligne... défricher ! Défricher le poisson, ça n'a évidemment pas beaucoup de sens, ce qui m'a incitée à aller voir du côté des dictionnaires unilingues, souvent plus complets. J'ai trouvé la définition suivante : 石碑の文字などを紙に摺りとること (imprimer sur du papier les caractères gravés sur une stèle ou autre). Voilà un sens beaucoup plus adapté à notre histoire de poisson. Car en effet, le 魚拓 cela consiste à prendre l'empreinte d'un poisson sur du papier pour en réaliser une estampe. On encre le poisson, puis on applique dessus une feuille de papier. Voilà donc le deuxième sens du kanji 拓, réaliser une estampe, en plein accord avec ces composants, main + pierre.
Pour illustrer tout cela, voilà une vidéo trouvée sur Youtube, qui donne le mode d'emploi de la chose :




 

L'origine du 魚拓



Wikimedia commons


Selon les explications du musée, la technique aurait été inventée en 1862, lorsqu'un seigneur voulut offrir à l'empereur l'image d'une magnifique dorade, symbole de bonheur. Les pêcheurs auraient ensuite utilisé le 魚拓 pour immortaliser leurs plus belles prises, en indiquant soigneusement les mensurations des bestioles (comme sur l'affiche de l'exposition). En 1948, la technique évolue, puisqu'on commence à utiliser de la soie, avec un procédé plus complexe, dont vous trouverez l'explication détaillée sur Wikipédia. Vous pourrez aussi trouver d'autres images sur le site de l'expo.


Un amour effréné du poisson


Il n'est pas étonnant que le 魚拓 soit apparu au pays des sushis, puisque les Japonais ont un goût très prononcé pour le poisson, au risque d'épuiser les réserves halieutiques (nous y contribuons tous, de toute façon). Chaque poisson a d'ailleurs son kanji, généralement composé du caractère 魚 et d'un autre élément. Beaucoup ne sont pas de 常用漢字(じょうようかんじ), mais ils sont tout de même utilisés à l'écrit par exemple sur les ardoises des sushi-ya. Il n'est donc pas inutile de savoir en reconnaître quelques-uns :

鯛 = たい = poisson + circonférence = dorade
鮭 = さけ = poisson + 2 x terre = saumon
鱈 = poisson + neige = cabillaud
鯨 = くじら = poisson + capitale = baleine (qui est faite pour être dans l'eau et pas dans les assiettes)
鰯 = いわし = poisson + faible = sardine
鮪 = まぐろ = poisson + avoir, être = thon

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Voilà, c'est tout pour aujourd'hui. En sushi ou autrement, consommez le poisson avec modération, en suivant les recommandations de Mr Goodfish. それでは、また。

Index en romaji : gyotaku

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