mercredi 20 septembre 2017

Hyakunin isshu, poème n° 81 : ほととぎす


Voici un poème de Tokudaiji Sanesada (後徳大実定), également connu sous le titre de Tokudaiji Sadaijin (後徳大寺左大臣) puisqu'il fut ministre de la gauche (左大臣). Ces vers, publiés dans le Senzaishû (n° 161), ont été composé sur le thème "entendre le coucou au petit matin", ce qui implique l'idée d'une nuit passée à attendre le premier chant de cet oiseau, associé au début de l'été (dans le calendrier traditionnel japonais, l'été commence fin avril-début mai). Depuis le 19e siècle, le coucou est également associé au poète Shiki, mais ça, c'est une autre histoire...


ほととぎす
鳴きつる方を
ながむれば
ただ有明の
月ぞ残れる

(ほととぎす なきつるかたを ながむれば ただありあけの つきぞのこれる) 

ほととぎす :  le coucou

鳴きつる方を : 鳴き est la renyou-kei de 鳴く, crier, pour un animal ; つる est la rentai-kei de つ, une particule qui indique ici l'achèvement d'une action. つ implique en outre une notion de volonté, ce qui tend à personnifier le coucou ; 方 indique ici la direction, là où le coucou a chanté et où se tourne le regard du poète ;

ながむれば : ながむれ est la izen-kei de ながむ (眺める en langue moderne), regarder (de manière prolongée) ; la particule ば a un sens temporel, "quand" ;

ただ有明の : ただ a le même sens qu'en japonais moderne, "simple", "ordinaire" ; 有
明の月 désigne une lune (月), apparaissant tardivement dans la nuit et de ce fait toujours présente quand l'aube (有明) se lève. C'est une expression qu'on retrouve dans de nombreux poèmes ;

月ぞ残れる : ぞ est une particule emphatique, liée à る, rentai-kei de la particule り、qui indique que l'action a eu lieu et qu'elle dure dans le présent. Cette particule se raccroche à 残れ, la meirei-kei de 残る、demeurer, rester.

En résumé, lorsque le poète a tourné son regard vers l'endroit d'où venait le cri du coucou, il n'a vu que la lune qui s'attardait à l'aube. Le coucou est effectivement assez difficile à observer. C'est par ailleurs un oiseau aux mœurs curieuses, qu'on pourrait juger peu sympathiques si ce genre de jugement anthropomorphique avait un quelconque sens dans le monde animal. Mais ces considérations bassement ornithologiques nous éloignent de la poésie japonaise :-)

Quand je regarde
là où chantait le coucou
il ne reste plus
que la lune s'attardant
au petit matin

Index en romaji : hototogisu nakitsuru kata wo nagamureba tada ariake no tsuki zo nokoreru.

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