Anki est un des piliers de mon
apprentissage du japonais et du chinois. J'ai déjà eu l'occasion
d'évoquer la façon dont j'utilisais ce logiciel de SRS. Ma pratique
ayant un peu évolué au fil du temps, je voudrais vous faire part de ce
que j'ai changé, au cas où cela pourrait inspirer certains d'entre vous.
Et pour que cela ne soit pas trop long, je vais faire ça en deux
parties, 1) le deck de kanji et hanzi, 2) le deck de phrases. Dans les
deux cas, cela concerne aussi bien le japonais que le chinois.
Commençons donc par le deck de caractères kanji / hanzi.
Basiquement, une fiche anki portant sur un caractère sera composée comme suit : Front : 水
Back : eau
Prononciation : みず、すい
A partir d'une fiche ainsi constituée, on peut s'interroger de deux façons. En "production", c'est-à-dire qu'à partir de "eau" il faut retrouver 水, et en "recognition", c'est-à-dire qu'à partir de 水 il faut retrouver "eau". Je ne reviens pas sur la question de la prononciation, puisque je l'ai déjà évoquée ici et là.
Récemment j'ai fait plusieurs constats :
D'abord, il m'arrive de plus en plus de m'emmêler les pinceaux avec des problèmes de synonymie. J'ai beau essayer, lorsque je fais mes fiches, de distinguer au mieux les kanji sémantiquement proches, au final, je me retrouve avec un paquet de kanji signifiant approximativement la même chose. En "recognition", pas de souci. En "production", problèmes récurrents. Par exemple, j'ai quatre kanji qui signifient en gros "écarter, repousser". Le risque de tracer un synonyme à la place du kanji demandé est donc important (sauf à se rappeler des quatre à la fois). Du coup, la réponse n'est ni mauvaise ni bonne.
D'autre part, je constate que je n'écris quasiment jamais à la main, sauf quand je m'interroge sur Anki ou pour des jeux sur DS (rare). Tout écrit de ma part passe par un ordinateur ou un smartphone. Donc même quand "j'écris", j'ai besoin de reconnaître les kanji plutôt que de les écrire réellement. Les Japonais sont d'ailleurs confrontés au même phénomène : ils écrivent de moins en moins à la main et oublient parfois certains caractères (d'où le nombre de jeux sur DS et autre pour réviser). Des sondages récents montrent même que certains trouvent fastidieux d'écrire. En revanche, le nombre de caractères reconnus tend à augmenter, grâce aux mêmes outils.
Enfin, je me suis souvenue d'un article de Khatzumoto, l'auteur de AJATT, à propos de sa (prétendue) paresse et de sa nouvelle façon d'apprendre les kanji, par lui baptisée "lazy kanji". Cela consiste en gros à faire ce que je viens de décrire pour le chinois (sauf pour la prononciation, en japonais du moins). Et selon Khatzumoto, c'est bien suffisant pour apprendre à reconnaître et à écrire. J'invite tous ceux qui ne sont pas fâchés avec l'anglais à lire l'original, intéressant et drôle, comme souvent.
Ces différents constats m'ont amenée à me demander s'il
ne serait judicieux d'aligner mon deck de kanji sur mon deck de hanzi.
Evidemment, après tant d'efforts, ça fait un petit pincement au cœur.
Et puis j'ai tellement peur de les oublier, mes kanji chéris. Néanmoins,
je ne vois pas de raison objective de maintenir un effort qui ne
correspond pas à ma pratique (puisque pas d'écriture manuelle), qui me
ralentit et m'embrouille (à cause des inextricables problèmes de synonymie - keyword clashes/overlap dans la langue de Khatzumoto).
Faisant fi de tout sentimentalisme, j'ai donc supprimé la moitié de mon
deck de kanji pour ne garder que la partie "recognition". Ma charge de
travail quotidienne s'en trouve considérablement allégée, et c'est bien mieux ainsi.
Évidemment, ceux qui sont appelés à écrire (notamment
dans le cadre d'examens comme le kanken, ou d'examens écrits à l'INALCO, sans doute) n'ont peut-être pas intérêt à suivre cet exemple. A chacun
d'adapter sa méthode au but choisi. De même, si l'on ne veut pas tout
mélanger, il faut quand même apporter un certain soin aux révisions :
tracer le kanji une fois, proprement (en respectant nombre et ordre de
traits), est vraiment indispensable, de même qu'il est préférable de bien
en identifier les parties et de se les répéter (avec ou sans petite
histoire).
Tout cela est un peu technique, mais les amateurs de SRS y
trouveront peut-être un intérêt. La prochaine fois, je vous parlerai de
l'évolution de mon deck de phrases-exemples. それでは、また。
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3 commentaires:
coucou Lili, ça fait un moment que je n'ai pas commentais ici. Mais je passe régulièrement :)
Grâce à tes bon conseils j'ai optimisé mon utilisation des deck sur Anki, j'ai même réussi à synchroniser avec mon téléphone intelligent (après quelques tentatives infructueuses). Mais pour les kanji, j'ai du mal. J'ai vraiment besoin d'associer le kanji à la gestuelle...
Mais si je passe aujourd'hui ce n'est point pour parler kanji, je viens t'annoncer que j'ai désigner Sukinanihongo pour le Liebster award :)
http://mapetitemediatheque.fr/2014/11/liebster-award/
Merci, c'est sympa d'avoir pensé à moi... même si je ne suis pas sûre d'avoir le temps d'enchaîner tout de suite. En tout cas, j'étais contente de lire ton post.
Bonjour !
Merci pour les articles très intéressants pour Anki, ça va m'être très utile vu que je cherchais à refonder mes decks (qui sont un peu à l'opposé de ce que tu décris, c'est-à-dire pas de phrases pour beaucoup de vocabulaire seul et trop de prononciations pour les kanji ^^").
Mais justement, je me demandais, comment choisis-tu les prononciations que tu ajoutes pour chaque kanji ?
(Et aussi, plus par curiosité, mais combien de phrases ajoutes-tu en moyenne chaque jour/semaine, plus pour me faire une idée qu'autre chose ?)
Et aussi, merci pour les articles, tout simplement ! Je ne poste pas vraiment de commentaires, mais je prends beaucoup à lire les articles du blog.
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