jeudi 3 juillet 2014

Du coréen au chinois

Il y a près d’un an, je me lançais avec enthousiasme dans l’apprentissage du coréen. J’en avais d’ailleurs parlé sur ce blog au mois d’août, montrant comment j’essayais de me servir du japonais comme langue pivot. J’avais alors écrit ceci :
Si ma curiosité pour le coréen est vite satisfaite et que je décide d'abandonner dans un an, je n'aurai pas complètement perdu mon temps, puisque j'aurai continué à progresser en japonais grâce à cela. Ce constat me permettra de relativiser le sentiment aigu de culpabilité et de mauvaise conscience que je ne manquerai de développer à ce moment-là (je suis incapable de laisser tomber une activité sans mauvaise conscience). Évidemment, rien ne dit que je vais abandonner. Je dis ça juste au cas où.

Et bien le « cas où » s’est produit.  Ma lune de miel avec le coréen a finalement été de courte durée. Il y a à cela plusieurs raisons :
  •  j’ai déjà eu l’occasion de le dire : j’aime passionnément les caractères sino-japonais (hanzi, kanji, ou hanja selon la langue). Or le coréen moderne tourne le dos à ses hanja. C’est un avantage pour tous ceux qui peinent à apprendre ces caractères. C’est pour moi un grave inconvénient. Si l’alphabet coréen m’a intriguée le temps de me familiariser avec lui, une fois ma curiosité satisfaite, j’ai trouvé qu'il manquait de piment. Et finalement il est beaucoup plus facile pour moi de mémoriser des kanji/hanzi que du vocabulaire dans un alphabet non roman. Parce que ma mémoire visuelle fonctionne mieux dans le premier cas.
  •  difficile pour moi d’intégrer les sons du coréen. Encore pire que le chinois (c’est très subjectif, évidemment, les sonorités du mandarin ne sont pas faciles non plus). Du coup, difficulté aussi à bien faire fonctionner ma mémoire auditive.
  •  problème de diversité des supports : il existe beaucoup de manuels de coréen, quelques-uns en français, d’autres en japonais, beaucoup en anglais. Mais en dehors des manuels, j’ai trouvé peu de matériel pour débutants (type japanese graded readers). Dans les libraires spécialisées en langue orientale, le rayon coréen est toujours mince. Alors que le rayon chinois, juste à côté, bien achalandé, me faisait de l'oeil…
Lentement mais sûrement, l’idée de me remettre au chinois plus vite que prévu a fait son chemin (je ne pensais pas m’y remettre avant quelques années). Le chinois présente à mes yeux pleins d'avantage :

  • en chinois, il n'y a QUE des hanzi. Le pied ! De plus, même s'il y a bien sûr des différences entre hanzi et kanji, il est souvent assez facile de passer de l'un à l'autre. L'acquisition du vocabulaire chinois en est nettement facilitée.
  • il y a en chinois une plus grande variété de supports d'apprentissage, une plus grosse communauté web, et au moins deux belles libraires sur Paris. De quoi satisfaire mon appétit.
  • même si la prononciation est une des principales difficultés (à mes yeux), elle me rentre plus facilement dans l'oreille que le coréen (peut-être parce que j'en ai déjà fait un peu il y a quelques années)
  • enfin, au premier abord, la grammaire est plus simple que celle du coréen. Je dis bien au premier abord. Il faudra que je fasse un bilan lorsque je serai plus avancée.

Au début, j'ai essayé de faire coexister l'apprentissage des trois langues (coréen/chinois/japonais). Cela aurait peut-être fonctionné si j'étais célibataire, sans travail et sans enfant. Ou si j'avais les mêmes besoins de sommeil que Napoléon. Mais là, franchement, ce n'était pas possible. Alors j'ai priviligié en LV2 la langue pour laquelle j'avais le plus d'appétit, le chinois. Quoi qu'il en soit, je ne regrette pas le temps consacré au coréen, qui m'a permis d'avoir un aperçu du fonctionnement de cette langue. それでは、また。

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Coucou,

Tu veux revenir à tes premières amours ? Je peux comprendre tes raisons et partage ton avis sur le manque de ressources papier en français sur le coréen. C'est vraiment dommage et pourtant, cette langue est de plus en plus prisée (comme en témoignent les amphis bondées de la section coréenne de l'INALCO).
Tu as aussi revendu quelques manuels non ?

Bon courage pour la suite et à bientôt,

Tsubasa-kun

Lili a dit…

Je reviens effectivement à mes premières amours, en espérant qu'elles durent toujours, cette fois. Ma façon d'apprendre a bien évolué (merci Anki et AJATT) et puis je bénéficie cette fois d'un effet "facilité" au démarrage, parce que les hanzi rentrent comme dans du beurre, puisque je connais déjà la plupart d'entre eux en japonais, moyennant quelques adaptations.
J'ai effectivement vendu mes manuels de coréen. Ce qui m'a permis de réinvestir immédiatement dans le chinois :-)

Tu apprends le chinois aussi ? Je ne me souviens plus...

Anonyme a dit…

J'ai essayé d'apprendre mais ça n'a pas duré très longtemps à cause des tons. La prononciation est plus dure qu'en coréen je trouve (mais bon, pour avoir entendu des natifs ...j'ai encore plus de boulot à fournir dans ces langues qu'en japonais).
Je préfère m'y remettre quand je serai aussi bon que toi en japonais bien que j'ai l'impression de stagner ces derniers temps. La grammaire chinoise en revanche n'est pas très compliqué d'après ce que j'ai vu. Comptes-tu parler de la langue chinoise prochainement ?
Quels manuels utilises-tu ?

Je ne sais pas si c'est moi mais tu n'avais pas une barre de recherche dans ton blog ?

A bientôt,

Tsubasa-kun

Lili a dit…

Je vais répondre à tes questions en commençant par la fin. Oui, il y a une barre de recherche, tout en haut de ton écran à gauche, entre le B orange de Blogger et le G+1 de Google+.

Je vais prochainement faire un post sur les manuels que j'utilise en chinois, mais en bref il y a le Chinois comme en Chine, la Méthode de chinois premier niveau et le MILEC.

Je ne compte pas vraiment "parler" la langue chinoise. Comme en japonais, mon premier but est de lire. J'essaie aussi de travailler un peu la compréhension orale (beaucoup moins qu'en japonais pour l'instant) et le moment venu, je ferai probablement de l'expression écrite avec des correspondants, comme en japonais. Mais globalement, je cherche plus à comprendre qu'à m'exprimer. Je n'utilise pas ces langues dans mon travail, et je n'ai pas de voyage programmé avant longtemps.

Donc le problème des tons - qui constitue effectivement une difficulté majeure - n'est pas si crucial pour moi. Je m'efforce cependant de les apprendre correctement. Je pense que je ferai aussi un post là-dessus.

Enfin, ne surestime pas mon niveau de japonais. Il est très inégal selon les compétences, et globalement, je ne pense pas qu'il soit meilleur que le tien, au contraire. Tu as passé le JLTP 2, non ?

Anonyme a dit…

Merci d'avoir répondu.

Oh non je n'ai pas de connaissances linguistiques sur la langue classique comme toi, c'est pourquoi je pense que tu débrouilles bien mieux en japonais.
Je n'ai pas encore passé le JLPT2 mais je dois encore m'améliorer (le N4 en revanche m'a donné un aperçu des conditions de l'examen), d'autant plus que paraît-il la grammaire utilisée et ou la vocabulaire considérée comme archaïque.
J'espère être vraiment prêt le moment venu.

tsubasa-kun

Lili a dit…

Je n'ai pas vraiment de connaissances sur la langue classique. Je les acquiers progressivement, en décortiquant les poèmes les uns après les autres. Si je n'avais pas d'excellents sites japonais comme celui-ci, je n'y comprendrais rien. Le livre de Jacqueline Pigeot sur la langue classique m'aide un peu aussi, pour comprendre certains éléments grammaticaux. En résumé, je ne sais rien mais je cherche et je lis beaucoup, jusqu'à avoir une idée bien nette du poème, suffisamment pour tenter une traduction.
En tout cas, pour moi aussi, le N2 serait hors d'atteinte en condition d'examen (c'est-à-dire avec une limite de temps très stricte). Bon courage pour la préparation, en tout cas !