dimanche 1 juillet 2012

Ce qui est fait est fait

Pour apprendre une langue, rien ne vaut les échanges avec ceux qui la parlent au quotidien depuis leur plus tendre enfance. Donc pour apprendre le japonais, rien de tel qu'un(e) ami(e) japonais(e). Comme on n'en a pas toujours sous la main, il faut souvent se contenter d'échanges à distance, qui sont certes dématérialisés mais pas virtuels pour autant. Ce sont des échanges bien réels et souvent très riches. Il en est ainsi de mes échanges avec Tamama, de Franponais 24h, et je l'en remercie. Dans l'une de nos dernières conversations, elle m'a fait découvrir le proverbe ci-dessous, dont nous allons parler aujourd'hui.

覆水盆に返らず (ふくすいぼんにかえらず)


Commençons comme d'habitude par un mot à mot :

  • 覆 (ふく) a plusieurs sens, mais celui qui nous intéresse ici est "renversé"
  • 水 (すい) : l'eau
  • 盆 (ぼん) : là encore, plusieurs sens, mais ici cela signifie plateau. Pour info, c'est aussi le 盆 de 盆栽 (ぼんさい). Comme 栽 signifie "plantation", bonsaï signifie donc littéralement "plantation sur un plateau", ce qui correspond bien à la réalité. A noter enfin que ce 盆 est aussi utilisé dans お盆, les festivités du mois d'août
  • に indique ici la destination
  • 返らず (かえらず) : ne pas revenir, ne pas retourner (équivalent en langue classique de 返らない, négation de 返る)

Littéralement : "l'eau renversée ne retourne pas sur le plateau." On voit bien que cela fait allusion à quelque chose d'irréversible, à une erreur qui ne peut être réparée, mais la métaphore reste un peu obscure. Pour en savoir plus, j'ai mené ma petite enquête et j'ai trouvé sur la Wikipédia japonaise l'histoire suivante :

Le chinois Jiang Ziya (qui s'appelle en japonais りょしょう ou たいこうぼう), grande figure du taoïsme, avait une femme qui le trouvait bien paresseux, car il passait son temps à lire au lieu de travailler. Déplorant ce manque d'ambition, elle demanda le divorce. Mal lui en prit, car son mari devint ensuite ministre des Zhou. Alors qu'elle cherchait à se réconcilier avec lui, Jiang Ziya apporta sur un plateau un récipient contenant de l'eau. Puis il renversa le récipient et demanda à son ex-épouse si elle pouvait remettre l'eau sur le plateau, ce qui était bien sûr impossible. Il lui expliqua qu'il en était de même pour eux : leur histoire était terminée.

Voilà expliquée l'histoire de l'eau et du plateau. A noter qu'il existe une version en 四字熟語 (ようじじゅくご) de ce ことわざ、覆水不返 (ふくすいふへん - l'eau renversée ne revient pas), dans laquelle le plateau disparaît.

Le sens du proverbe est donc le suivant : lorsque l'on commet une erreur irréversible, lorsque l'on connaît un échec auquel on ne peut remédier (dans un couple ou dans d'autres circonstances), il est inutile de pleurer et de protester, car on ne peut revenir en arrière. Mieux vaut donc ne pas s'encombrer de regrets, car comme le chante Daniel Darc :

Les regrets ça va droit au cœur
Et ça y reste
Jusqu'à ce qu’on meure

それでは、また!

Index en romaji : kotowaza, yojijukugo, fuku sui bon ni kaerazu

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