vendredi 23 octobre 2015

Hyakunin isshu, poème n° 36 : 夏の夜は



Voici un poème d'été de Kiyohara no Fukayabu (清原深養父), arrière-grand-père de Sei Shônagon, célèbre poétesse de l'époque Heian que nous rencontrerons au poème 62. Ce waka fort prisé figure aussi dans le Kokinshû (n° 166).


夏の夜は
まだ宵ながら
明けぬるを
雲のいずこに
月宿るらむ

(なつのよは まだよいながら あけぬるを くものいずこに つきやどるらん)


夏の夜は : 夏, l'été, 夜, la nuit, の marque le complément de nom ; la particule は est utilisée pour distinguer les nuits d'été, réputées pour leur brièveté, des autres nuits ;
まだ宵ながら : まだ, encore ; 宵, tombée du jour, crépuscule ; ながら : pendant ;
明けぬるを : 明けぬる est formé de 明け, renyou-kei, de 明く, verbe évoquant le lever du jour et de ぬる, rentai-kei de l'auxiliaire verbal ぬ, qui marque ici l'accompli : l'action est achevée, le jour s'est levé ; を est ici une particule exprimant la concession, comme のに (bien que, alors que) ;
雲のいずこに : 雲, les nuages ; の marque le complément de nom ; いずこ est un équivalent de どこ, où ? ; に indique le lieu. Donc, "dans/derrière quel(s) nuage(s) ?"
月宿るらむ : 月, la lune ;宿るらむ : 宿る (shûshi-kei) signifie demeurer, prendre refuge, trouver un abri pour la nuit ; らむ est ici lié à l'interrogatif いずこ, et exprime la supposition : la lune doit être cachée quelque part dans les nuages.

Notre poète se plaint donc de la brièveté des nuits d'été. Alors qu'il se croyait encore au crépuscule, le jour s'est déjà levé. Et ne pouvant accepter que la lune ait pu accomplir sa course nocturne en si peu de temps, il se dit qu'au lieu d'aller se coucher derrière les montagnes, à l'ouest, elle a dû faire une halte dans les nuages, et il fait donc mine de la chercher.

Ah ! les nuits d'été...
le soir à peine tombé
déjà le jour se lève ;
en quels nuages la lune
a-t-elle trouvé refuge ?

Index en romaji : natsu no yo ha mada yoi nagara akenuru wo kumo no izuko ni tsuki yadoru ramu

1 commentaire:

L'anonyme a dit…

Bonjour, comme d'habitude merci beaucoup !