Pour mettre un peu de poésie dans ce monde de brutes - et ce n'est malheureusement pas un vain mot - voici un poème automnal et délicat de Funya no Asayasu (文屋朝康), dont on ne sait pas grand-chose, si ce n'est qu'il est le fils de Yasuhide (poème 22). Ce poème figure également dans le Gosenshû (n° 308).
白露に
風の吹きしく
秋の野は
つらぬきとめぬ
玉ぞ散りける
しらつゆに かぜのふきしく あきののは つらぬきとめぬ たまぞちりける
白露に : 白, blanc, 露, rosée. Le scintillement blanc de la rosée.
風の吹きしく : 風, le vent, 吹き, renyou-kei de 吹く, souffler, est suivi de しく (頻く, rentai-kei) qui exprime la répétition ; の marque ici le sujet (が) ;
秋の野は : 秋, l'automne, の marque le complément de nom, 野, la plaine, la prairie ; は est là pour marquer une distinction : c'est à l'automne seulement qu'on peut observer le phénomène décrit dans le poème ;
つらぬきとめぬ : つらぬき est la renyou-kei de つらぬく (貫く) signifie transpercer, passer au travers et とめ est la mizen-kei de とむ (rester, retenir, とめる en langue moderne) ; ぬ est la rentai-kei de la négation ず. L'ensemble détermine 玉, qui vient ensuite et signifie ici "perle". On a donc ici l'idée de perles qui ne sont pas transpercées et retenues par un fil.
玉ぞ散りける : 玉 désigne ici les perles de rosée ; 散り est la renyou-kei de 散る, disperser ; ぞ est une particule emphatique associée ici à ける, qui marque l'exclamation.
En résumé, à l'automne, le vent qui souffle continuellement sur la plaine disperse les gouttes de rosées comme les perles d'un collier qu'aucun fil ne relie : une belle image, fraîche comme la rosée du matin.
De la blanche rosée,
au vent qui souffle sans cesse
sur les champs d'automne
comme des perles déliées,
les gouttes partout se dispersent
Index en romaji : shira tsuyu ni, kaze no fukishiku aki no no ha tsuranuki tomenu tama zo chiri keru
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