Le poète du jour est le Moyen Conseiller (Chûnagon) Fujiwara no Asatada (藤原朝忠). Ce poème, publié dans le Shûishû (n° 678), a été composé dans le cadre d'un concours (auquel participaient également les poèmes n° 40 et 41).
逢ふことの
絶えてしなくは
なかなかに
人をも身をも
恨みざらまし
(あふことの たえてしなくば なかなかに ひとをもみをも うらみざらまし)
絶えてしなくは
なかなかに
人をも身をも
恨みざらまし
(あふことの たえてしなくば なかなかに ひとをもみをも うらみざらまし)
逢ふことの : 逢ふ (rentai-kei), rencontrer (on parle ici de rendez-vous amoureux). こと sert à nominaliser le verbe. の marque ici le sujet (=が) ;
絶えてしなくは : suivi d'une forme négative, comme c'est le cas ici, 絶えて signifie "pas une seule fois", "jamais". し est une particule emphatique. なく est la renyou-kei de なし (ない en langue moderne), ne pas exister. Petite subtilité, ajoutée à la renyou-kei d'un adjectif, la particule は exprime l'hypothèse (なくは= si cela n'existait pas). Il ne faut donc pas lire " le fait de ne pas t'avoir rencontré une seule fois", mais "si je ne t'avais jamais rencontrée" ;
なかなかに a le même sens que かえって ou むしろ, "plutôt" (indique la préférence). "Il aurait mieux valu" ;
人をも身をも : 人 désigne l'interlocutrice, la femme aimée (et son attitude) et 身 l'auteur ("je", "moi-même"). En langue classique をも peuvent s'associer, ce qui n'est plus le cas en langue moderne, où l'on se contenterait d'avoir も...も pour mettre en parallèle deux choses.
恨みざらまし : 恨み, c'est la rancune, le ressentiment. ざらまし est composé de ざら, la mizen-kei de la négation ず, et de まし, qui exprime le fait d'imaginer quelque chose de contraire à la réalité.
Revenons à nos moutons : nous sommes donc en présence d'un poète qui aurait préféré ne jamais rencontrer sa belle, afin de ne pas développer d'amertume à l'égard de sa froideur à elle et de son infortune à lui.
Mieux aurait valu
ne jamais la rencontrer ;
ne jamais la rencontrer ;
alors, ni sa personne
ni mon propre sort n'auraient
fait naître cette amertume
Index en romaji : au koto no taete shi naku ha nakanaka ni hito wo mo mi wo mo uramizaramashi
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