vendredi 20 mars 2015

Lire des manga en japonais (2)

Il y a deux ans, j'avais publié sur ce thème un article apparemment fort consulté. Néanmoins, je suis restée de nombreux mois sans vraiment lire de manga, me concentrant plutôt sur la presse, des textes sur l'histoire du Japon et sur la poésie, surfant beaucoup sur le web japonais pour trouver des informations, et utilisant de plus en plus souvent des dictionnaires monolingues. Tout en continuant à regarder des anime, lesquels ont un rapport plus direct avec les manga en terme de registre de langue. Récemment, je me suis remise à lire des manga et j'ai eu l'impression fort agréable d'avoir bien progressé.

Retour d'expérience sur les lectures récentes


On peut séparer en deux catégories mes dernières lectures : les manga dont je connais déjà l'histoire pour l'avoir vue en anime ou lue en VF, et ceux dont je ne connais pas l'histoire.

Dans la première catégorie, afin de varier les sujets sans y laisser ma bourse, j'ai adopté une stratégie consistant à lire le 1er volume de plusieurs séries. J'ai donc lu les premiers volumes de Chi, One Piece, Fullmetal Alchemist, Détective Conan, Silver spoon, Naruto (3 volumes pour ce dernier, que j'avais ramenés du Japon il y a fort longtemps).

Dans la seconde catégorie, j'ai lu le 1er volume de となりの関くん (Tonari no seki-kun), plusieurs chapitres de divers manga parus dans la revue もっと, les deux premiers volumes de 日本人の知らない日本語, et aussi plusieurs volumes de 信長のシェフ, le Chef de Nobunaga (après avoir lu les deux premiers tomes en français ; j'en suis au tome 7).

Bien évidemment, il est plus facile de lire un manga dont on connaît le scénario, et c'est sans doute préférable quand on débute. C'est de plus un vrai plaisir de retrouver une histoire qu'on aime dans son jus original. Parmi les titres de la premières catégorie, Chi est incontestablement le plus simple, même si les déformations langagières de Chi (elle zozotte en VF) ne sont pas toujours évidentes à saisir. Il est suivi par One Piece, dont la principale difficulté est d'être très oral, mais cela me gêne moins qu'avant. Fullmetal Alchemist et Détective Conan sont un peu plus verbeux (plus de choses à lire et à comprendre, donc), mais rien d'insurmontable. Silver spoon ne pose pas beaucoup plus de difficultés, si ce n'est qu'il faut chercher le vocabulaire agricole. Je trouve en revanche Naruto plus difficile, probablement parce que ça me saoule de lire les encarts sur la circulation du chakra et la géopolitique de Konoha en petits caractères bien tassés.

Lire des manga que l'on ne connaît pas est un poil plus difficile mais moins que je le croyais (c'est pour cela que je considère que j'ai progressé). J'ai pu lire となりの関くん sans abuser du dictionnaire (et sans traduction sous la main, à ma connaissance, ce n'est pas traduit en français). Pour 日本人の知らない日本語, j'ai eu plus souvent recours au dictionnaire, parce que les sujets traités sont assez variés, mais quand je me souviens du découragement qui m'avait saisie en l'ouvrant il y a un ou deux ans, je suis bien contente. Il s'agit dans les deux cas de manga assez drôles, et c'est plutôt plaisant de rire parce qu'on a compris une blague en japonais. C'était plus compliqué avec les séries de la revue もっと : prendre une série en cours sans connaître le contexte est un bon exercice pour savoir si l'on débrouille ou pas. Enfin, 信長のシェフ n'est pas évident à cause du vocabulaire culinaire, des kanjis pas toujours courants et des noms propres, d'autant plus qu'il y a peu de furigana. Néanmoins, c'est un manga passionnant, et c'est un vrai plaisir de pouvoir avancer dans l'histoire sans attendre la sortie des volumes en français.

Quelques conseils


Comme je l'avais déjà dit dans le précédent article, avoir la VF en main peut être une bonne idée quand on débute, et quand je peux y avoir accès facilement, j'aime encore "regarder la solution" lorsqu'un passage ne me paraît pas tout à fait clair... en constatant parfois que le traducteur français a tout simplement escamoté la difficulté ! Pour autant, il faut éviter tout effort qui rendrait la lecture excessivement fastidieuse : donc, éviter la comparaison bulle à bulle, ou de lire en français ce qu'on a compris sans ambiguïté en japonais.

Même chose pour le dictionnaire, il faut trouver un juste milieu : tout chercher entrave la lecture et gâte le plaisir. Mais en ne cherchant rien, on progresse moins. On peut réserver le dictionnaire aux passages que l'on ne comprend vraiment pas (c'est-à-dire ne pas l'utiliser quand on comprend à 80%), aux nouveaux kanjis, ou alors choisir de faire de la lecture intensive sur 5 pages, puis faire de la lecture extensive sur le reste du chapitre, histoire d'avancer.

Globalement, il faut accepter de ne pas tout comprendre à 100 %. Je pense que ce qui me rendait la lecture de manga fastidieuse il y a quelques temps, c'est cette manie de tout décortiquer jusqu'à obtenir une compréhension totale de la structure de chaque phrase. On peut se permettre ça avec un tanka de 31 syllabes, comme je le fais pour le Hyakunin isshu. Ce n'est pas adapté au manga, qui doit rester léger pour être agréable, et qui n'a pas la même exigence formelle. Ce qui compte, c'est la compréhension globale : est-ce que je comprends l'histoire, les sentiments des héros, le sens de leurs échanges, etc ? Si oui, pas la peine de couper les cheveux en quatre. Nous sommes des lecteurs, pas des traducteurs !

****

Pour ma part, je compte continuer ma politique de picorage (un volume par-ci, un volume par-là) tout en poursuivant Le chef de Nobunaga et One Piece. Autant dire que j'ai du pain sur la planche. Heureusement, j'ai constaté qu'à force de lire, la facilité et la vitesse de lecture augmentent. Prochain bilan dans un an ?

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Hello et merci pour cet article.

Quant à moi je préfère chercher les mots manquants dans le dictionnaire quand je comprends 80% de la phrase, justement.
Comme ça, après avoir totalement compris la phrase, je me souviens beaucoup mieux du contexte où j'ai appris les mots et je les retiens donc mieux.
Alors que dans une phrase où je ne comprends rien, je chercherai tous les mots et finirai par tous les oublier.

Lili a dit…

Il arrive qu'on ne comprenne rien à une phrase... à cause d'un seul mot ! Un mot manquant peut rendre une phrase très obscure, même si elle est composée de mots que l'on connaît. Et en cherchant le sens de ce seul mot, on passe d'une phrase comprise à 0% à une phrase comprise à 100%. C'est dans ce cas que le dico est le plus efficace, selon moi.

Evidemment, il peut arriver qu'on ne comprenne pas une phrase parce qu'il nous manque beaucoup de mots... mais dans ce cas, j'aurais tendance à considérer que la lecture n'est pas adaptée à mon niveau et à passer provisoirement mon chemin. Se battre mot à mot avec un texte est épuisant et décourageant à la longue.

Quand je dis qu'on peut se passer du dico quand on comprend à 80%, c'est uniquement pour inciter à s'affranchir du dictionnaire au moins de temps en temps. Tout est question de dosage, et c'est évidemment très personnel. Mais le risque en cherchant tout, tout le temps, c'est de piétiner et de se décourager.

Souvent je m'aperçois qu'en cherchant les 20% qui restent, ma compréhension du texte n'est pas fondamentalement modifiée. On apprend plus en cherchant tout, mais il ne faut pas oublier de lire "pour le plaisir", sans chercher à apprendre et retenir, car cela aussi permet de progresser.

Enfin, l'essentiel, c'est de lire et de prendre plaisir à ce qu'on fait, quelle que soit la façon dont on procède :-)


Anonyme a dit…

Bonjour, je suis tombée sur votre poste en cherchant des forums où des personnes sont intéressées par l'apprentissage du japonais.

J'habite en Belgique et j'ai beaucoup de mangas en japonais à vendre (que je connais par coeur après les avoir lu 100x, et aussi pour faire de la place dans mon petit appart), donc je me permets de vous laisser ce message au cas vous seriez intéressé ou si vous connaitriez des gens intéressés...

la liste est sur mon livejournal ici : http://aubotte.livejournal.com/2713.html

désolée pour le spam si vous n'êtes pas intéressé! :)