samedi 15 août 2015

Hyakunin isshu, poème n° 32 : 山川に

Voici un poème automnal et bucolique de Harumichi no Tsuraki (春道列樹) dont on sait fort peu de choses. Ce waka figure également dans le Kokinshû (n° 303).



山川に
風のかけたる
しがらみは
流れもあへぬ
もみぢなりけり


(やまがわに かぜのかけたる しがらみは ながれもあえぬ もみじなりけり)


山川に :  山, montagne, 川, rivière, donc une rivière de montagne ; に indique le lieu ;
風のかけたる : 風, le vent, ici personnifié ; の est ici l'équivalent de が et marque le sujet ; かけ est la renyou-kei de かける qui a ici le sens de placer, mettre ; たる est la rentai-kei de たり, équivalent ici d'une forme passée : "le vent a placé" ;
しがらみ : désigne ici un barrage placé en travers de la rivière ;
流れもあへぬ : 流れ, le courant, le flot, s'écouler. も a le sens de "même si". あへ est le mizen-kei de あふ (敢ふ), qui a ici le sens de "faire complètement" ; ぬ est la rentai-kei de la négation ず. Associé à あへ, cela prend le sens de "pas complètement". Bref, le flot ne peut pas s'écouler normalement, bloqué par le "barrage" ;
もみぢなりけり : もみぢ (紅葉), ce sont les feuilles d'automne - d'érables notamment - avec leurs éclatantes couleurs jaunes ou rouges ; なり (renyou-kei) est l'équivalent du japonais moderne のです, のである ; けり : marque ici la surprise (de voir ce qu'on n'avait pas remarqué avant).


On a donc des feuilles qui, poussées par le vent, tombent sur la rivière. Le courant ne parvient pas vraiment à les emporter, en raison peut-être de leur surabondance, ou d'une configuration particulière du cours d'eau. En s'accumulant, ces feuilles semblent former un barrage, et le poète s'en émerveille. 

Le barrage que
le vent a placé au travers
du torrent de montagne
est de feuilles écarlates,
que le courant n'emporte pas


Index en romaji : yama-gawa ni kaze no kaketaru shigarami ha nagare mo aenu momiji nari keri

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour et merci.

Comment réussir à devenir un bon traducteur du japonais vers le français?
Un excellente connaissance de la langue française certes, mais y-at-il une méthodologie?

Cordialement

Lili a dit…

Je pense qu'il serait préférable de poser cette question à quelqu'un qui a fait de la traduction sa profession, ce qui n'est pas mon cas. Pour devenir traducteur professionnel, il existe des formations à l'Inalco et à Paris Diderot, si mes souvenirs sont bons. C'est sans doute le meilleur moyen d'acquérir une méthodologie et un diplôme à faire valoir auprès des entreprises.

Parmi les traducteurs littéraires, certains n'ont néanmoins pas suivi un tel cursus. Mais en général, ils ont vécu au Japon et ont une connaissance reconnue de la langue et de la culture japonaise (Corinne Atlan, par ex, qui a tout de même une licence de langues orientales, à défaut d'avoir un diplôme de traducteur en bonne et due forme ; on trouve facilement des interviews expliquant son parcours)

Je pense qu'en dehors d'un parcours diplômant ou d'une expérience significative au Japon, il est difficile de convaincre entreprises ou éditeurs.

L'anonyme a dit…

Comme d'habitude, merci beaucoup.